Jim's party - Christmas time, time to kissing

Ses yeux basculaient interminablement de la pendule à la penderie. Son pieds tapotait nerveusement contre le parquet de sa chambre. Et assise sur son lit, Apolline méditait, encore hésitante à l'idée de se rendre à cette fête avec Nikolaï. Après tout, rien ne l'y obligeait, elle était libre de faire ce qui lui plaisait. Mais l'idée de rester seule ce soir, alors que tout le pensionnat se rendait au bal, ça ne l'enchantait pas trop.

Il n'était pourtant ni le plus beau, ni le plus sympathique garçon qu'elle ait rencontré dans ce pensionnat. Il était tout ce qu'il y avait de plus normal. Une carrure fine et élancée sans abdominaux apparents, un visage fin aux traits presque efféminés, des cheveux courts qui étaient pour la plupart du temps recouverts d'un large bonnet en laine noir : un garçon sans réels atouts physiques. Mais il avait un regard si profond et agressif, qu'à la simple pensée de celui-ci, elle frissonna. Ses yeux sont si bleus. Si clairs, qu'elle aurait pu se perdre dans ces derniers toute la soirée si il le fallait. Et puis, ce regard si captivant, ce n'étaient que lorsqu'elle venait troubler sa vue qu'elle parvenait à l'entrevoir. Tantôt complices, tantôt ambiguës; elle ne parvenait pas à décrire ce qui s’initiait entre eux.

Apolline vint placer sa main contre sa poitrine, inspirant profondément. Son cœur battait à toute rompre, nouant son estomac dans une déferlante de précipitations. Le sang ne tarda pas à monter jusqu'à son visage, colorant ses joues d'un rouge écarlate. Elle n'avait pourtant fait aucun effort pour que sa poitrine s'emballe aussi rapidement. Alors, quel était cet étrange sentiment ? Elle avait peur, peur d'affronter cet instant qu'elle redoutait tant : ce face à face tant attendu. Devra t-elle sourire, devrait-elle se réjouir de cette occasion ? Ce n'était qu'un bal, après tout. Et il n'était que son cavalier. Mais, si au court de la soirée, quelque chose le poussait à se rapprocher d'elle? S'imaginant Nikolaï s'avancer vers elle, elle fut prise de panique, retenant son souffle pour ne pas crier de peur. Ce qui lui semblait le plus fou, c'est que pour la première fois de sa vie, un garçon l'intimidait. Elle secoua vivement la tête, se levant brusquement. Hors de question de commencer les états d'âmes. Pas tant qu'elle ne se retrouvera pas en face de lui.

Elle jeta un regard perplexe dans la glace qui se tenait face à elle, dévisageant les parcelles encore humaines qu'il restait de son visage après la mauvaise nuit qu'elle avait passé. Les yeux encore cernés de mascara, le teint livide, elle tenta de passer sa main dans le sac de nœuds que créait sa chevelure dans l'espoir d'arranger cette apparence si désavantageuse. En vain, elle soupira. Apolline se demandait si elle parviendrait à arranger un telle désastre. Avec l'aide qu'Anarchy et Sarah allaient lui fournir, elle parviendraient sans doute à accomplir un miracle. ais si seulement cela dépendait de son unique visage. Si ton visage ne reflète pas le reste, tu n'iras pas très loin.

Tirant sur la ficelle de son peignoir, elle défit délicatement celui-ci. Un corps mince se dessinait difficilement à travers une nuisette noire, dévoilant de ci et là quelques bleus le long de ses jambes. Elle caressa ces derniers du bout des doigts, grimaçant.